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Le président de la République a déclaré hier soir, suite à la conférence sur l’Ukraine tenue à Paris, que des « missiles de longue portée », c’est-à-dire susceptibles de frapper les villes russes, allaient être livrées à l’Ukraine et que l’envoi de troupes au sol « ne pouvait pas être exclu ». De plus, l’idée d’une européanisation, dans le cadre de l’OTAN, de la force nucléaire française est à nouveau évoquée.

L’ensemble de ces déclarations est d’une extrême dangerosité.

Meme si nous n’oublions pas qu’il y a deux ans, le régime nationaliste et autoritaire de Vladimir Poutine a fait le choix criminel de déclencher une guerre à grande échelle contre l’Ukraine, nous appelons à ne pas participer à l’escalade de la guerre qui n’apportera ni la paix, ni la sécurité, ni la liberté au peuple ukrainien.

Le peuple russe, quant à lui, paiera d’un nombre toujours plus élevé de victimes le bellicisme de son dirigeant actuel. Le continent européen peut, à son tour, devenir demain un champ de bataille où seront fauchées les forces vives de notre jeunesse.

Il n’y a pas de solution militaire au conflit engagé aux frontières de l’Europe, sauf à consentir à l’engrenage d’une guerre qui sera généralisée, européenne, et possiblement nucléaire.

Par sa prise de position du 26 février dernier, le président de la République tourne le dos au rôle et à la place singulière qu’occupe la France en Europe et dans le Monde, du fait de son histoire, de sa place au Conseil de sécurité, de l’indépendance stratégique qu’elle revendique. Il n’a reçu aucun mandat du peuple français et de ses représentants élus pour enrôler le pays dans la logique qu’ont initié, ces derniers jours, le chef d’état-major britannique ou le chancelier allemand en appelant à préparer une confrontation générale à brève échéance avec la Russie. Ni pour brader l’indépendance de nos capacités de défense.

C’est notre peuple, son monde du travail, sa jeunesse qui vont payer au prix fort les choix aventuristes d’Emmanuel Macron et des va-t-en-guerre. L’économie de guerre à laquelle ce dernier nous prépare serait synonyme d’aggravation de la précarité et de la misère pour des millions de Françaises et de Français.

Comment oser proposer la généralisation de l’austérité, pour satisfaire une stratégie guerrière incertaine, alors qu’elle interdira au pays de répondre aux besoins sociaux qui se multiplient actuellement, comme vient encore de le démontrer le mouvement des agriculteurs ? Croit-on vraiment que c’est ainsi que l’on favorisera les investissements urgents qu’exigent la réindustrialisation de nos territoires et la transition écologique ?

Je demande en urgence l’organisation d’un débat devant le Parlement sur les choix politiques et militaires de la France dans le moment dangereux que nous traversons. On ne peut admettre que, face à la nation, le chef de l’État revendique son « ambiguïté stratégique ». Nos concitoyens ont le droit de savoir où leurs dirigeants entendent les mener.

C’est pourquoi un débat transparent et pluraliste est une nécessité démocratique.

Il est indispensable d’aider l’Ukraine à se défendre contre l’agression qu’elle subit. Ce n’est toutefois pas le débat engagé par les chefs d’État et de gouvernement réunis hier à l’Élysée. Sans même consulter les peuples, une partie d’entre eux veulent les mobiliser dans une coalition pour la guerre, quand d’autres s’y refusent. Car c’est d’une démarche politique dont nous avons besoin pour mettre fin au conflit. La France peut en prendre l’initiative. Avec les pays de l’Union européenne qui le souhaiteront, elle doit proposer la formation d’une coalition internationale pour la paix, en toute indépendance de l’OTAN et des Etats-Unis.

La paix n’est pas une capitulation, elle sera au contraire la défaite des fauteurs de guerre. Elle doit se bâtir sur des principes forts : l’indépendance de l’Ukraine et le retrait des troupes russes ; la neutralité du pays sous garanties de la communauté internationale et de l’ONU ; l’ouverture sur ces bases d’un processus négocié restaurant la paix entre les peuples ukrainien et russe, entre tous les peuples d’Europe.

C’est d’un traité de sécurité collective, respectant la souveraineté de chaque pays, et instaurant une réelle autonomie stratégique en dehors de la domination de l’OTAN, dont l’Europe a le plus urgent besoin.

Au lieu d’une guerre sans fin, choisissons la voie de l’intérêt des peuples et de leur coopération. Les hommes et les femmes « qui poussent la volonté de paix sont les serviteurs du progrès social », disait Jean Jaurès. Alors que nous allons cette année commémorer le 110° anniversaire de son assassinat et du déclenchement du premier conflit mondial, la gauche ne sera la gauche que si elle assume son héritage.

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord,
Léon Deffontaines, tête de liste aux élections européennes,

Le 27 février 2024.