ActualitésLa Seyne-sur-Mer

conférence · expo · projection · table-ronde · dédicace · cuisine arménienne

Figure emblématique de la Résistance communiste étrangère, poète apatride rescapé du génocide arménien, Missak Manouchian entrera au Panthéon le 21 février 2024. 80 ans plus tôt, les 23 camarades du Groupe Manouchian étaient fusillés au Mont Valérien après avoir « crié la France en s’abattant ».

Que raconte la panthéonisation d’un ouvrier communiste, membre des FTP-MOI, sinon l’aboutissement d’un long combat pour reconnaître dans le héros de l’Affiche rouge l’invincible libérateur, figure de proue de l’engagement des étrangers·ères dans la Résistance française ?

Missak Manouchian entre ainsi au Panthéon aux côtés de sa Mélinée et de tous ces invisibles, « et nos frères pourtant », souvent sans papiers, sans ressources, sans asile, qui ont courageusement lutté contre le fascisme et l’oppression nazie. Parmi ces invisibles, les femmes étrangères subissent une double-peine, maintenues à la lisière de l’histoire de la Résistance parce que minorées du fait de leur genre et occultées du fait de leur origine. Cette journée d’hommage entend réhabiliter leur rôle fondamental de résistantes & de libératrices dans le sillage de Mélinée Manouchian.

Que vaut pourtant cette entrée au Panthéon quand celui qui l’orchestre – Emmanuel Macron – édicte au même moment, à l’égard des étrangers, une politique stigmatisante qui aggrave les rapports d’exploitation et de domination ? Face aux dénis de la mémoire et aux composantes xénophobes de la loi Immigration, il devient impératif de rappeler l’apport inestimable de générations entières d’immigrés dans la Résistance. Voici ce qui nourrit cet hommage au couple Manouchian.

« Vous avez hérité de la nationalité française, nous, nous l’avons méritée »

Missak Manouchian, lors de son procès, le 15 février 1944



Programme

· Ouverture des portes

· Ouverture par Pierre Daspre, secrétaire départemental du PCF du Var
· Message de Pierre Ouzoulias, vice-président du Sénat, Sénateur PCF

· Conférence de Jean-Marie Guillon, historien : « Femmes étrangères & résistantes en Provence » · Suivie d’une lecture de textes de Martha Desrumaux

· Restauration arménienne

· Projection de « La traque de l’Affiche Rouge » de Jorge Amat & Denis Peschanski

· Tête-à-tête avec Gérard Streiff, journaliste & essayiste, auteur de « Missak et Mélinée, un couple en Résistance »

· Table-ronde « Lecture politique de la panthéonisation de Manouchian » avec
Gérard Streiff, journaliste & essayiste
Léo Purguette, président du journal La Marseillaise
Denis Lanoy, coordinateur de la commission culture du PCF


· Séance dédicace avec Gérard Streiff

· Clôture

en continu


· Exposition « Manouchian, de l’Affiche rouge au Panthéon »
· Stands CRCN (Chantiers navals de la Seyne) ; ANACR Var ; La Marseillaise
· Librairie Les Papiers collés
· Bar & collation ; restauration cuisine arménienne





Une exposition pour célébrer la Résistance étrangère

Manouchian, de l’Affiche rouge au Panthéon

Toute la journée

L’exposition retrace la trajectoire de Missak Manouchian empreinte d’antifascisme et de pacifisme, des lueurs jaillissantes de son engagement communiste & internationaliste en passant par ses premiers vers jusqu’aux prémisses de son combat en faveur de l’Arménie.

Ancré dans la mémoire collective grâce aux strophes d’Aragon mises en musique par Léo Ferré sous le titre L’Affiche rouge, il demeure pour toujours le symbole de la résistance étrangère, fort de son abnégation et de ses profondes convictions antifascistes.

Résistant apatride communiste, survivant du génocide arménien, homme de culture, poète & ouvrier attaché à la France des droits de l’Homme, l’exposition fait le choix de présenter ses multiples facettes comme s’il existait entre toutes un trait d’union.

Par le prisme de Manouchian, elle interroge la contribution des étrangers dans la Résistance française et la Libération de la France en mettant l’accent sur l’organisation armée des FTP-MOI, qui ont conduit la guérilla urbaine contre l’occupant nazi.

Elle revient pour cela sur la filature hors-norme du Groupe Manouchian, à l’origine de l’arrestation de Missak et de plusieurs de ses camarades étrangers, traqués, capturés, torturés et fusillés, « morts pour la France ».


Une conférence pour éclaircir sur le rôle des femmes étrangères dans la Résistance

Jean-Marie Guillon, historien

à 10h

Spécialiste de la Résistance dans le Var, Jean-Marie Guillon met l’accent sur le rôle des femmes étrangères dans la Résistance varoise et la libération de la zone sud-est.

En mettant en lumière l’engagement et le combat des résistantes de la M.O.I. en Provence, souvent passées au second plan, il rappelle l’apport spécifique qui a été le leur à Marseille ou dans le Var, là où elles ont laissé une trace, parfois notoire, souvent plus fugace, dans la grande fresque de la Résistance.

Cette conférence-débat sort ainsi de l’ombre la Cristallina, Teresa Noce, Julia Pirotte, Eva Jansen, Hélène Taisch, Sophie Zleyer et quelques autres.

Suivie d’une lecture de textes de Martha Desrumaux, ouvrière & resistante.


Une projection sur les traces du Groupe Manouchian

La Traque de l’Affiche rouge, un film de Jorge Amat & Denis Peschanski

à 14h – durée 1h et 11m

Un documentaire où se mêlent documents d’archives inédits et scènes reconstituées pour retracer la trajectoire des 23 camarades du Groupe Manouchian dans le Paris de 1943, offrant une immersion au coeur des FTP-MOI de la région parisienne.

De l’attentat spectaculaire contre l’officier SS Julius Ritter au simulacre de procès de février 1944 en passant par l’impitoyable filature menée par la police française, ce film invite à (re)découvrir les destins croisés des héros, malgré eux, de l’Affiche rouge.



Un tête-à-tête autours du livre Missak & Mélinée Manouchian, un couple en Résistance

Gérar Streiff, essayiste & journaliste

à 15h30

Prenant la forme d’une biographie croisée unissant Mélinée Manouchian & son « Manouche », Gérard Streiff brosse avec minutie l’impressionnante toile organisationnelle de la Résistance rouge ainsi que le rôle singulier et déterminant qu’ont joué les internationalistes au nom de leur idéal.

Réduit à n’être que le « chef de bande » d’un groupe de « terroristes » et exhibé, le visage hirsute, sur les murs pour effrayer les passants, Manouchian, héros de l’Affiche rouge, est très tôt devenu le symbole tangible du courage et du sacrifice des étrangers·ères dans la Résistance. Mélinée se dévoile à ses côtés dans toute sa splendeur de résistante.


L’auteur ne contourne aucun sujet sensible. Il bat ainsi en brèche les réinterprétations historiques et idéologiques malhonnêtes qui ont parfois éclaboussé l’action de ces femmes et de ces hommes en général, et du PCF en particulier.

Suivi d’une séance de dédicace, à 18h30



Une table-ronde pour interroger le sens de cette panthéonisation

· Gérard Streiff, essayiste & journaliste
· Léo Purguette, président du journal la Marseillaise
· Denis Lanoy, coordinateur de la commission culture du PCF

à 17h

L’apport croisé de ces trois intervenants, chacun offrant une approche singulière de cette panthéonisation – tant sous son angle historique, médiatique que culturel – ne saurait éluder son caractère éminemment politique.

Il importe en effet d’apprécier ce moment historique sans omettre ses angles morts : la grille de lecture symbolique de la panthéonisation de Manouchian entre sans conteste en totale dissonance avec la grille de lecture politique dans le contexte liberticide et anti-égalitaire de la loi Immigration, qui entend restreindre les droits des demandeurs d’asile et des étrangers.

En assortissant leurs propos des expériences quotidiennes qui nourrissent leurs parcours respectifs, ce trio débusquera les contradictions à l’œuvre derrière cette entrée au Panthéon voulue par un Président adepte d’un « en même temps » consubstantiel de sa politique : panthéoniser un étranger d’un côté, stigmatiser les immigrés de l’autre.

Percevoir la force symbolique de cet hommage suprême de la Nation tout en cédant aux velléités identitaires de l’extrême-droite : voilà l’intenable posture d’un Président toujours plus en déséquilibre en ce mémorable 21 février 2024.


Des stands pour enrichir la portée de cet hommage

Association CRCN – Centre de ressources sur la construction navale

La présence du CRCN est l’occasion de relater le passage de Missak Manouchian comme ouvrier aux Chantiers navals de la Seyne-sur-mer peu de temps après son arrivée en France, aux côtés de son frère, en tant que menuisier.

Association ANACR – Association nationale des anciens combattants et amis de la Résistance dans le Var

La contribution de l’ANACR, par le prisme d’une exposition sur la Résistance dans le Var, met l’accent sur la défense des valeurs démocratiques et humanistes en luttant contre les résurgences des idéologies fascistes et pétainistes, et contre le négationnisme falsificateur.

La Marseillaise – une presse militante depuis 1944

De quoi célébrer les 80 ans de ce quotidien régional créé dans la clandestinité par des résistants en décembre 1943 et sonder l’impact médiatique de cette panthéonisation.
En présence de Léon Purguette, président du journal la Marseillaise



Librairie les Papiers collés – une littérature engagée

Une sélection d’ouvrages adultes et jeunesse autour de Manouchian, résistant, communiste & poète, complétée de livres sur la Résistance française, ses héroïnes et héros.

Restauration arménienne sur place pour se dépayser en Arménie

Bar en continu pour boissons et collations & espace restauration le midi pour se familiariser avec la cuisine arménienne à travers l’épopée de la famille Petrossian, exilée en France et gardienne de secrets culinaires transmis de génération en génération.

Une expérience métissée à la frontière des pays du Levant, de la Méditerranée et de l’Europe de l’Est.

Recette inspirées de Mantchouk, recettes de cuisine d’une famille arménienne, Hachette cuisine, 35€ en vente sur place