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Guerre et paix en Ukraine :  Ni pacifisme béat, ni union sacrée atlantiste !

            Les vies menacées et les souffrances du peuple ukrainien et du peuple russe exigent une mobilisation internationale de grande ampleur pour un cesser le feu, le retrait des troupes russes et des engagements sur une Ukraine indépendante et non alignée, c’est à dire hors de l’Otan et d’une tutelle russe.
            La  gravité de la situation présente et l’urgence d’imposer une désescalade  guerrière ne sont pas une raison pour oublier le temps long sur lequel s’est formé le terreau propice à l’aventure guerrière et criminelle décidée par Poutine.
            Il faut remonter le temps à la réunification de l’Allemagne au cours de l’année 1990 et à la dissolution de l’URSS en 1991, où les conditions posées par Gorbachev ont été foulées aux pieds par les dirigeants occidentaux, dans un objectif d’intégration future de l’est européen et de la Russie à un ensemble dirigé par les Etats-Unis.  Une application politique de la « fin de l’ histoire » théorisée par Francis Fukuyama, c’est à dire un monde dans lequel n’apparaîtraient plus de nouveaux modèles d’organisation sociaux, politiques ou économiques autres que le capitalisme associé à des démocraties dites « libérales ».

            Le deuxième élément structurel de longue période est la crise systémique du capitalisme mondialisé. La crise de rentabilité du capital aiguise les concurrences inter-capitalistes sur les ressources et les débouchés. La guerre économique Etats Unis-Chine, l’objectif américain de débrancher l’Europe du gaz russe ne sont pas sans liens, bien au contraire, avec la montée calculée des tensions.
            Enfin, l’évolution politique en Ukraine, en particulier depuis l’Euromaïdan, a conduit à  des affrontements et un climat de guerre civile dans les territoires russophones qui, au de là même du non respect des accords de Minsk, ont précipité les tentations séparatistes.
            Il y a donc derrière cette guerre des enjeux de rapports de force et de réorganisation mondiale considérables, jusqu’au sein de l’Union Européenne, où les peuples auraient beaucoup à perdre d’une avancée fédéraliste sous dominium américain. 

40 années d’engagements non tenus sur la non extension de l’Otan à l’Europe de l’Est

            Gorbachev avait posé comme condition à la sortie des pays de l’Est européen de la sphère d’influence  soviétique et à la désintégration de l’URSS qu’aucun de ces États ne rejoigne l’Otan. Certes, il n’y a pas eu de traité en bonne et due forme. Interrogé sur cette absence, Gorbachev aurait répondu « qu’il pensait avoir à faire avec des personnes de confiance ». Quoiqu’on puisse penser de cette naïveté,  il est vrai que les dirigeants occidentaux ont repris à l’envi pour rassurer les dirigeants de l’URSS puis de la Russie la célèbre assurance  du secrétaire d’État américain James Baker s’agissant de l’Otan : « pas un pouce vers l’est ».
Longtemps niés par les néoconservateurs américains, ces engagements  sont  révélés par les documents déclassifiés américains, soviétiques, allemands, britanniques et français mis en ligne aujourd’hui par les National Security Archive de l’Université George Washington (http://nsarchive.gwu.edu).

            Les documents renforcent la critique de l’ancien directeur de la CIA, Robert Gates, selon laquelle « l’expansion de l’OTAN vers l’est [dans les années 1990] a été poursuivie avec insistance, alors que Gorbatchev et d’autres étaient amenés à croire que cela ne se produirait pas ».

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