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La gauche ne convaincra pas les Françaises et les Français si elle prétend garantir pour tous un revenu universel en se résignant à ce que 20 % de la population soit privée par le chômage de contribuer à la création de richesses; si elle s’accroche à l’illusion qu’on pourrait réparer les dégâts sociaux du
capitalisme par la fiscalité, sans toucher au pouvoir patronal dans l’entreprise; si elle essaye de faire croire, par exemple, qu’on pourrait boucher le «trou de la Sécu» en faisant disparaître par miracle l’évasion fiscale; si elle compte sur 50 % de salariés dans les conseils d’administration, comme en Allemagne, pour contrebalancer le pouvoir sur l’utilisation de l’argent exercé par les actionnaires et les créanciers ; si elle soutient contre toute évidence qu’on peut à la fois combattre le réchauffement climatique et «sortir du nucléaire»; si elle oublie que la révolte mondiale de la jeunesse contre le racisme est aussi une révolte contre des choix économiques qui font exploser les discriminations en rejetant une génération entière dans le chômage et la précarité; si elle se laisse aller aux tentations d’un repli national sous prétexte de protéger notre peuple contre les méfaits de la
mondialisation capitaliste, au moment même où la pandémie montre combien chaque être humain, sur la planète, dépend de tous les autres, a besoin de tous les autres…
Pour gagner, pour se rassembler en dépassant les oppositions métaphysiques entre Etat et marché, entre «politiques d’offre» et relance de la demande, entre «fin du mois» et «fin du monde», entre égalité «républicaine» et lutte contre les discriminations, entre «social» et «sociétal»… il faut une force qui montre l’adversaire – le capital – et la cohérence des luttes et des constructions institutionnelles à lui opposer. Une force qui aide les luttes en affirmant de façon intransigeante que la crise ne justifie aucun chômeur supplémentaire, et qu’au contraire il faut ouvrir bien plus largement l’accès à la formation à tous pour préparer l’avenir de nos filières économiques et pour permettre à chacune et à chacun de créer les richesses nécessaires à la sécurisation des revenus de tous, sans jamais passer par la case « chômage».

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